Page:Poésies de Madame Deshoulières 1824.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
POÉSIES

La carrière où je cours ne présente à ma vue
Que des périls de toutes parts.
Combien de beaux-esprits entendons-nous se plaindre
De n’avoir encor pu, malgré tout leur savoir,
Arriver à ce but où je voudrais atteindre ?
Mais cependant qu’aurais-je à craindre
Si tu soutenais mon espoir ?
N’es-tu pas en ces lieux l’arbitre souveraine
De la gloire où nous aspirons ?
Hélas ! sans ton aveu follement nous courons
Après cette chimère vaine.
Aussi Rome vit autrefois
Un de ses citoyens sorti du sang des rois,
Sous un prince moins grand, moins aimé, moins habile
Que le héros dont nous suivons les lois,
Décider des chansons d’Horace et de Virgile.
Mais tandis que Mécène était leur ferme appui,
Son esprit vaste et fort, à tout pouvant suffire,
N’en soutenait pas moins le fardeau de l’empire :
Il partageait d’Auguste et la joie et l’ennui.
Encor que le ciel t’ait fait naître
D’un sexe moins parfait peut-être,
Il t’a fait un destin plus beau, plus grand qu’à lui.
La plus entière confiance,
Louis ne l’a-t-il pas en toi ?