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POÉSIES

Et tient-on compte à quelque femme
Des couleurs dont elle se peint !
Songeons, pour nous guérir de l’erreur où nous sommes,
Que le fard le plus beau de tous,
Loin de nous attirer les suffrages des hommes,
Ne leur donne que des dégoûts.
Mais peut-être me direz-vous
Que si j’avais un teint aussi laid que le vôtre
J’aurais contre le fard un peu moins de courroux,
Et que j’en mettrais comme une autre.
Point du tout. Je me sens des sentimens meilleurs ;
Et si la nature en partage
Ne m’avait pas donné d’assez belles couleurs,
J’aurais assurément respecté son ouvrage.
Et si l’on m’en croyait, faux braves, faux amis,
Faux dévots comme fausses prudes,
Tous à découvert seraient mis,
Et tous perdraient par-là les lâches habitudes
Où, par un long abus, ils se sont affermis.