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DIVERSES

D’une amitié tendre et fidèle ?
Non, vous êtes accoutumé
À voir tout le monde charmé
De votre divine éloquence.
L’orgueil sur votre esprit ne prend point de pouvoir,
Et votre seule négligence
Vous a fait partir sans me voir.

Vous rompez pour jamais cette amitié sincère,
Et qui de mon timide cœur
Était la principale affaire.
Hélas ! d’où vient tant de froideur ?
Qu’ai-je fait pour la faire naître ?
Ah ! craignez, que dans ma douleur,
Je n’engage l’Amour contre vous à paraître
Dans les intérêts de sa sœur.
Cette menace vous alarme.
Un sage être amoureux ! qu’est-ce qu’on en dirait ?
Évitez ce malheur. Un soupir, une larme,
Chez la postérité vous déshonorerait.
Les sévères lois du Portique
Doivent rendre qui les pratique
Inaccessible aux passions ;
Et les moindres émotions
Sont des crimes pour un stoïque.