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DIVERSES

Taisez-vous, scélérat, m’écriai-je irritée ;
Tout commerce est fini pour jamais entre nous.
J’en aurais avec un athée
Mille fois plutôt qu’avec vous.
Mais tandis qu’en discours ma colère s’exhale,
Ce faux, ce dangereux ami
Sort de mon cabinet, traverse chambre et salle
D’un air brusque et confus, d’un pas mal affermi,
Et me laisse une horreur qu’aucune horreur n’égale.
Ah ! c’est un dévot de cabale,
Mais qui ne sait encor son métier qu’à demi.
Il faut de l’art au choix des raisons qu’on étale.
Aussi les habiles dévots
Selon les gens ont leur morale,
Et ne se livrent pas ainsi mal à propos.

Qu’ils sont à redouter ! Sur une bagatelle
Leur donne-t-on le moindre ennui,
Leur vengeance est toujours cruelle.
On n’a point avec eux de légère querelle.
Tâche-t-on un dévot, c’est Dieu qu’on fâche en lui.
Ces apôtres du temps, qui des premiers apôtres
Ne nous font point ressouvenir,
Pardonnent bien moins que nous autres.
Contre eux veut-on se maintenir,