Est certes une étrange chose à voir
Parmi ces toilettes de fête
Si belles en ce jour.
Je vois que vous êtes assiégé de compliments
Par bien des lords et des ladies ;
« Dieu sauve le roi ! » est une chanson de coucou
Que l’on dit toujours très-aisément ;
Les poëtes aussi, bande vénale,
Avec des vers bien tournés et faciles,
Voudraient vous faire croire que vous ne faites jamais mal,
Mais que vous êtes toujours infaillible et sûr
En un tel jour.
Pour moi, en face d’un monarque,
Même là je ne veux pas flatter ;
Car d’une pension, charge ou place,
Je ne suis pas votre humble débiteur :
Ainsi, sans faire injure à votre Grâce,
Ni diffamer votre royauté,
Il y en a eu beaucoup de pires de votre race,
Et peut-être un a été meilleur
Que vous en ce jour.
Il est très-vrai, mon souverain,
Que mon habileté peut bien être mise en doute ;
Mais les faits sont des gaillards qui ne se laissent pas battre
Et qu’on ne peut pas discuter :
Votre nid royal, sous votre aile,
Est bien dépouillé et maltraité,
Et maintenant il n’aura à l’entour
Que le tiers et méme moins de la corde
Qu’il eut un jour[1].
Loin de moi de prétendre
Blâmer votre législation,
Ou dire que vous manquez de sagesse ou de feu
Pour gouverner cette puissante nation |
Mais, ma foi ! je crois fort, Sire,
- ↑ Allusion aux traités de 1788 qui reconnurent l’indépendance des
États-Unis, et qui rendirent la Louisiane à l’Espagne. (N. du trad.)