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POÉSIES DE BURNS.

Et puisse son troupeau s’arcroître, et monter
À des vingtaines d’agneaux et de ballots de laine.
      » Dis-lui qu’il a été un doux maître,
Et toujours bon pour moi et les miens ;
Et maintenant je lui fais la recommandation d’une mourante,
je lui confie mes agneaux privés de secours.
      » Oh ! engage-le à préserver leur innocente vie
Des chiens, et des renards, et du couteau des bouchers :
Et à leur donner de bon lait de vache leur suffisance,
Jusqu’à ce qu’ils soient en état de se nourrir eux-mêmes ;
Et à les approvisionner exactement, soir et matin,
De quelques poignées de foin et de blé.
      » Et puissent-ils ne jamais prendre les manières
Des autres indignes et turbulents agneaux :
Ne jamais s’échapper par les trous des clôtures, et errer, et voler
Dans les tas de pois et les trognons de choux verts.
Et puissent-ils, comme leurs grands parents,
Pendant bien des années passer par les ciseaux :
Alors les femmes leur donneront de petits morceaux de pain,
Et les enfants, pleureront sur eux quand ils seront morts.
      » Mon pauvre agneau mâle, mon fils et héritier,
Oh ! dis-lui de l’élever avec soin,
Et, s’il vit assez pour être un bélier,
De mettre quelques bons sentiments dans son cœur|
      » Et conseille-lui, ce que je ne veux pas dire moi-même,
De se contenter des brebis de la maison ;
Et de ne pas courir et user ses sabots,
Comme d’autres brutes impudentes et perverses.
      » Et puis toi, mon innocente petite brebis,
Dieu te garde d’être mise à l’attache.
Oh ! puissestu ne jamais te rencontrer
Avec un bélier ruiné des landes,
Mais toujours avoir soin de brouter et de te mêler
Avec des brebis de considération comme toi.
      » Et maintenant, mes enfants, à mon dernier soupir
Je vous laisse ma bénédiction à tous deux ;
Et, quand vous penserez à votre mère,
Songez à être bons l’un pour l’autre !
      » Maintenant, honnête Hughoc, ne manque pas
De redire à mon maître toutes mes paroles,
Et recommande-lui de brûler cette maudite corde :
Et, pour la peine, tu auras ma vessie. »
Cela dit, la pauvre Mailie tourna la tête,
Et ferma les veux parmi les morts.