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POÉSIES DE BURNS.


Et maintenant, vieux pied fourchu, je sais que vous pensez
Que la dissipation et la boisson, à quelque heure malheureuse,
Enverra certain barde trébuchant
       Dans votre trou noir ;
Mais, ma foi, il fera un détour de côté,
       Et vous attrapera encore.

Mais, adieu, cher vieux Nirkie !
Oh ! si vous vouliez réfléchir et vous amender !
Vous pourriez peut-être — je ne sais pas —
       Courez-en toujours la chance —
Je suis triste de penser à cette caverne-là,
       Quand ce ne serait que pour vous !

MORT ET DERNIÈRES PAROLES


DE LA PAUVRE MAILIE,


L’UNIQUE BREBIS DE L’AUTEUR,


HISTOIRE EXTRÊMEMENT AFFLIGEANTE.


Un jour que Mailie et ses agneaux
Étaient à brouter ensemble dans les limites de leur corde,
Elle passa son pied dans un nœud coulant,
Et en luttant elle tomba dans le fossé :
Là, gémissante, mourante, elle gisait,
Quand Hughoc vint traînant la jambe par là.
Les yeux grands ouverts et les mains levées,
Le pauvre Hughoc resta comme uno statue ;
Il la voyait près de finir ses jours,
Mais, ô malheur ! il n’y pouvait remédier !
Il était bouche béante, mais ne disait rien. —
À la fin la pauvre Mailie rompit le silence.
      « Ô toi, dant la face lamentable
Paraît avoir pitié de ma funeste position !
Ecoute attentivement mes dernières paroles,
Et porte-les à mon cher maître.
      » Dis-lui, si jamais il a encore
De quoi acheter des brebis,
Oh ! conseille-lui de ne plus jamais les attacher
Avec de maudites cordes de chanvre ou de crin !
Mais de les mener au parc ou à la montagne,
Et de les laisser errer à volonté ;