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POÉSIES DE BURNS.


LA FOIRE SAINTE.




La foire sainte est une phrase usitée à l’ouest de l’Écosse pour désigner un jour de communion.


          Une robe de sincérité et de bonne foi apparente
             Cachait l’astucieuse Observation ;
          Et pendait en secret, couvert d’une croûte empoisonnée,
             Le poignard de la Diffamation :
          Un masque qui avait l’air de la gorge
             Changeante d’un pigeon ;
          Et pour grund et large mantenu,
             Il l’enveloppa dans la Religion.
                                                 L’Hypocrisie à la mode.



I


Un dimanche matin, dans l’été,
          À l’heure où la nature a un aspect charmant,
Je sortis pour voir le blé,
          Et respirer l’air frais.
Le soleil se levant sur les bruyères de Galston
          Brillait dans tout son éclat ;
Les lièvres se glissaient dans les sillons,
          Et les alouettes, leur chant était
                    Bien doux ce jour-là.



II.


Comme je regardais joyeusement au loin
          Pour voir un spectacle si riant,
Trois jeunes filles, en route de bonne heure,
          Vinrent à ma rencontre ;
Deux d’entre elles avaient de tristes manteaux nairs,
          Mais un était doublé de gris ;
La troisième, qui marchait un peu en arrière,
          Était mise à la mode
                    Bien gaiement ce jour-là.



III.


Les deux premières avaient l’air de deux sœurs jumelles,
          À leurs traits, leur tournure, et leurs habits ;
Leur visage était flétri, long et maigre,
          Et aussi aigre qu’aucune prune sauvage ;
La troisième arrivait en sautillant, bondissant,
          Aussi légère qu’aucun agneau,
Et elle me fit une profonde révérence,