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POÉSIES DE BURNS.

          Inspirées par toi,
Quand, bouche béante, elles assiégent les chaires en plein vent,
          Sont doublement ferventes.

Ce joyeux soir où nous rentrons le grain,
Avec quel charme alors tu mousses dans la corne !
Ou fumant, le matin du nouvel an,
          Dans le bowl ou la jatte de bois,
Avec une petitle goutte d’esprit brûlée dedans,
          Et du sucre savoureux !

Quand Vulcain gonfle de vent ses soufflets,
Et que les paysans se rassemblent avec leurs outils,
Oh ! c’est merveille de te voir siffler et écumer
          Dans la tasse de bois à anse !
Alors brûle-vent[1] avance comme la mort
          À chaque coup.

Pas de merci, alors, pour le fer ou l’acier ;
Le charnu, ossu, jeune paysan
Fait rouler vigoureusement et tomber à tour de bras
          Le fort marteau,
Jusqu’à ce que billot et enclume résonnent et chancellent
          Sous son bruit étourdissant.

Quand les enfants criards voient la lumière,
Tu fais babiller bel et bien les commères
Sur le peu de cas que les sots maladroits font de leurs chéries ;
          Maudit soit le nom !
Aucune sage-femme n’a une soirée agréable,
          Ni un sou d’eux.

Quand des voisins sont en procès,
Et aussi furieux qu’il est possible de l’être,
Combien aisément le jus de l’orge peut
          Concilier la querelle !
De tous les honoraires d’avocat le moins cher,
          C’est de recourir au baril.

Hélas ! faut-il que ma muse ait sujet
D’accuser ses compatriotes de trahison !
Mais beaucoup humectent journellement leur trachée-artère
          Avec d’agréables liqueurs,
Et c’est à peine si, une fois dans tout l’hiver,
          Ils lui en demandent le prix.

Fi de l’eau-de-vie, cette drogue brûlante !
Source cruelle de mainte douleur et maladie subite !

  1. Le forgeron. (N. d. trad.)