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POÉSIES DE BURNS.

Sont accablés du fardeau de leur désœuvrement ;
Ils languissent dans la paresse et la fainéantise ;
Quoique du diable s’ils en aient sujet, ils sont mal à l’aise :
Leurs journées sont insipides, ennuyeuses et fades ;
Leurs nuits, inquiètes, longues et sans repos :
Et même dans leurs divertissements, leurs bals et leurs courses,
Dans leurs cavalcades aux lieux publics,
Il y a tant d’ostentation, tant de pompe et d’art,
Que le plaisir peut à peine arriver jusqu’au cœur.
Les hommes forment des parties de jeu,
Puis ils se plongent dans de profondes débauches ;
Une nuit, ils sont ivres de boisson et de libertinage ;
Le lendemain, la vie leur est insupportable.
Les dames, bras dessus bras dessous, en groupes,
Se ressemblent par la taille et la grâce comme des sœurs ;
Mais, séparées, écoutez ce qu’elles pensent les unes des autres,
Elles sont devenues toutes des diablesses et des coquines.
Cependant, dans la toute petite tasse et la petite assiette,
Elles sirotent gentiment le breuvage de la médisance[1] ;
Ou dans les longues, longues soirées, d’un air maussade,
Elles se penchent sur les livres peints du diable,
Risquent sur un enjeu la récolte d’un fermier,
Et trichent comme un gibier de potence.
      Il y a quelques exceptions, homme et femme ;
Mais c’est là communément la vie de la gentry.
      Le soleil, cependant, avait disparu,
Et une lueur plus sombre annonçait la nuit ;
L’escarbot bourdonnait sa chanson indolente ;
Les vaches se tenaient mugissantes dans le sentier ;
Ils se levèrent et secouèrent les oreilles,
Se réjouissant d’être chiens, et non pas hommes ;
Et ils partirent chacun de son côté,
Bien résolus à se rencontrer quelque autre jour.


LA BOISSON ÉCOSSAISE.
Donnez à ceux qui sont affligés une liqueur forte, et du vin à ceux qui sont dans l’amertume du cœur.

Qu’ils boivent pour oublier leur pauvreté, et qu’ils ne se souviennent plus de leurs douleurs.

Proverbes, xxxi, 6, 7.

      Que les autres poètes fassent du fracas
Avec leurs vignes, et leurs vins, et leur Bacchus ivre ;

  1. Le thé, (N. d. trad.)