Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POÉSIES DE BURNS.

PREMIÈRE PARTIE.
POÈMES[1].

LES DEUX CHIENS.
CONTE.


       C’était dans cet endroit de l’Écosse
Qui porte le nom du vieux roi Coïl[2],
Par une belle journée de juin,
Que, tuant le temps l’après-midi,
Deux chiens qui ne frayaient pas au logis
Se rencontrèrent une fois.
       Le premier que je nommerai, on l’appelait César :
Son Honneur le gardait par pur agrément ;
Son poil, sa taille, sa gueule, ses oreilles
Indiquaient que ce n’était point un chien d’Écosse,
Mais qu’il était né dans certain endroit bien éloigné,
Où les marins vont pêcher la morue.
       Son beau collier de cuivre, à serrure et à inscription,
Annonçait un gentleman et un lettré ;
Mais, quoiqu’il fût de haut rang,
Du diable s’il en avait pour cela plus de fierté ;
Et il aurait passé une heure à se caresser
Même avec le roquet d’une bohémienne chaudronnière.
À l’église ou au marché, au moulin ou à la forge,
Il n’était pas de chien si mal peigné
Près de qui il ne s’arrêtât, enchanté de le voir,
Et avec qui il ne pissât sur les pierres et les buttes.
       L’autre était le chien d’un laboureur,
Un rimeur, un bon vivant,
Qui l’avait pour ami et camarade,
Et dans sa fantaisie l’avait appelé Luath,

  1. Sous le titre un peu ambitieux de poèmes sont comprises, dans cette première partie, toutes les pièces de vers autres que les chansons.
  2. Kyle ou Coïl, où naquit le pète, tire son nom de Caïlus, roi des
    Pictes.