C’était dans cet endroit de l’Écosse
Qui porte le nom du vieux roi Coïl[2],
Par une belle journée de juin,
Que, tuant le temps l’après-midi,
Deux chiens qui ne frayaient pas au logis
Se rencontrèrent une fois.
Le premier que je nommerai, on l’appelait César :
Son Honneur le gardait par pur agrément ;
Son poil, sa taille, sa gueule, ses oreilles
Indiquaient que ce n’était point un chien d’Écosse,
Mais qu’il était né dans certain endroit bien éloigné,
Où les marins vont pêcher la morue.
Son beau collier de cuivre, à serrure et à inscription,
Annonçait un gentleman et un lettré ;
Mais, quoiqu’il fût de haut rang,
Du diable s’il en avait pour cela plus de fierté ;
Et il aurait passé une heure à se caresser
Même avec le roquet d’une bohémienne chaudronnière.
À l’église ou au marché, au moulin ou à la forge,
Il n’était pas de chien si mal peigné
Près de qui il ne s’arrêtât, enchanté de le voir,
Et avec qui il ne pissât sur les pierres et les buttes.
L’autre était le chien d’un laboureur,
Un rimeur, un bon vivant,
Qui l’avait pour ami et camarade,
Et dans sa fantaisie l’avait appelé Luath,