bite sous le chaume, se lève avec le soleil, attelle elle-même ses bœufs, mouille les sillons de sa sueur, vit de pain d’avoine, entre volontiers au cabaret, parle plus de pavots que de tulipes, de mares que de lacs, de canards que de cygnes, et ne prend ses amours qu’au village : peut-être est-ce pour cela qu’elle est si peu constante. Avec un tel guide, comme on est loin des boudoirs et des serres chaudes, comme on respire le grand air, comme tout s’anime et parle au cœur, comme tout intéresse et passionne, comme on sent les rapports intimes de la nature avec celui qui l’aime et qui vit en elle !
Le malheur est que ces poésies sont de nature à perdre beaucoup dans une traduction. D’une part, elles offrent peu d’intérêt dramatique, et, de l’autre, les grâces naïves du patois écossais n’ont pas d’équivalent dans notre langue. On peut dire d’elles ce que Burns dit des plaisirs :
Mais les plaisirs sont des pavots qu’on cueille ;
Vous saisissez la fleur, elle s’effeuille.
Mécontent de la prose, j’ai voulu essayer des vers, et en voici quelques-uns que je soumets au lecteur. Mais, vers ou prose, s’il n’est point satisfait, je l’engage, sans la moindre hypocrisie, à ne point s’en prendre au poète, mais à l’insuffisance du traducteur ou de la traduction.