I neglected, I lost my sheephook. Je négligeais ma brebis, j’ai perdu ma houlette ; et douze années plus tard, la sœur de ce même sir Gilbert se fit l’interprète de la douleur nationale dans les paroles adaptées à l’air Flowers of the forest, Fleurs de la forêt, petite composition charmante, à laquelle l’allégorie n’ôte rien de son naturel. Ajoutez à ces citations la ballade de Hardiknute, par lady Wardlaw ; celle de William et Marguerite, les Bouleaux d’Invermay, par Mallet ; la romance de Thomson, ouvrage de sa jeunesse, et qui commence par For ever, fortune, wilt thou prove, et la ballade si pathétique The braes of Yarrow, par Hamilton de Bangour, et vous aurez les principales compositions qui signalèrent la renaissance de la poésie champêtre en Écosse, dont Allan Ramsay peut, à bon droit, être considéré comme l’auteur.
Je dis renaissance, car son origine était et plus ancienne et plus illustre : elle avait un roi pour père. Christis-Kirk of the Grene, le premier modèle de ce genre, est attribué au fils infortuné de Robert III, Jacques Ier, qui, par la perfidie du duc d’Albany, son oncle, tomba, à l’âge de onze ans, au pouvoir d’Henri VI, dont il fut le prisonnier pendant vingt années. Ce jeune prince, que le roi d’Angleterre, quoique son geôlier, fit élever avec tout le soin possible, devint un chevalier accompli. Danse, équitation, joutes à l’arc, tournois ; grammaire, philosophie, éloquence, musique et poésie, il montra une aptitude remarquable à tous les exercices du corps et de l’esprit. Il était captif depuis quinze ans au château de Windsor, lorsqu’il devint éperdument amoureux de la fille du duc de Somerset, lady Jane Beaufort, qu’il épousa en 1424. Cet amour lui inspira un poème en cent quatre-vingt-dix-sept stances, sous le titre de King’s Quoir, le Chœur du Roi, où il chante d’une voix pure, mélodieuse et souvent passionnée, sa belle maîtresse :