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POÉSIES DE BURNS.


LS
Su réputation et son honneur saignerunt-ils sous les coups
D’indignes garnements,
Et pas une muse nc lèvera-t-elle la tête
Pour intimider ces bavards ?
O Pope, si j’avais les traits de ta satire
Pour traiter ces gredins comme ils le méritent,
Je fendrais leurs cœurs creux et pourris,
Et je raconterais tout haut
Leurs jongleries et leurs tours de passe-passe
Pour duper la foule.
Dicu sait que je ne suis pas ce que je devrais ètre,
Et que je ne suis même pas ce que je pourrais être ;
Mais j’aimerais mieux vingt fois
Etre un franc athée,
Que de me cacher sous les bannières de l’Evangile,
Comme derrière un écran.
Un honnéte homme peut aimer à boire,
Un honnête homme peut aimer les filles ;
Mais la basse vengeance et la malignité perfide,
Il les dédaignera toujours,
Ainsi que de proclamer son zèle pour les lois de l’Evangile,
Comme certaines gens à nous connus.
Ils ont la religion à la bouche,
Ils parlent de miséricorde, de grâce ct de vérité ;
Pourquoi ? — pour donner carrière à leur malignité
Contre quelque pauvre homme,
Et le poursuivre à outrance, sans justice ni pitié,
Jusqu’à sa ruine complète.
Salut, Religion ! vierge divino !
Pardonne à une muse aussi humble que la mienne,
D’oser dans ces vers rudes et imparfaits
Te nommer ainsi ;
Stigmatiser tes faux amis
Ne peut te décrier.
Quoique entaché et sali de maïinte souillure,
Et bien indigne de ton cortége,
D’une voix tremblante je joins mes chants
A la voix de ceux
Qui osent intrépidement soutenir ta cause
En dépit des ennemis ;
En dépit des foules, en dépit des gens ameutés,
En dépit des menées souterraines,

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