Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée
324
POÉSIES DE BURNS.


AU RÉVÉREND JOHN MAC-MATH
EN LUI ENVOYANT LA « PRIÈRE DE SAINT WILLIE »
QU’IL AVAIT DEMANDÉE.
17 septembre 1785.
Tandis que les tondeurs se baissent derrière le tas de gerbes
Pour éviter la rude et violente ondée,
Ou courent en désordre dans les champs
Pour passer le temps,
Pour vous je consocre celte heure
À d’oiseuses rimes.
Ma muse, fatiguée d’avoir fait maint sonnet
Sur la robe, le rabat et le sage bonnet noir,
Maintenant que la chose est faite, a grand’peur
Qu’ils ne la bläment,
Et ne lancent sur elle leurs foudres saintes
Et leur anathème.
J’avoue que c’était téméraire et assez intrépide
À moi, simple barde campagnard,
De m’attaquer à une bande si vigoureuse
Qui, si elle me connaissait,
Pouvait aisément, et d’un seul mot,
Lâcher l’enfer sur moi.
Mais j’enrage de leurs grimaces,
[grèce,]
De leurs soupirs, de leur hypocrisie, de leurs faces si fières de la
De leurs prières de trois lieues, et de leurs grâces d’une demie,
De leur conscience élastique
Eux que la gloutonnerie, l’esprit vindicatif et l’orgueil déshonorent
Plus que leur sottise.
Voici Gawn1{, qu’ils ont appelé pis que brute ;
Il a plus d’honneur dans son sein
Que bien des vingtaines de gens valant le prêtre
Qui l’a injurié de la sorte.
Un barde ne peut-il pas suivre dans ses plaisanteries
L’excmple qu’ils ont donné ?
Voyez-le, l’ami du malheureux dans le besoin,
Le vrai gentleman de parole et de fait :

1. Gavin Hamilton, csq.