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POÉSIES DE BURNS.


Houreuso aujourd’hui, ne songe pas à demain ;
Un ètre formé pour amuser ses amis plus graves,
Admiré ct loué — et là finit l’hommage ;
Un mortel entièrement inhabile aux luttes de la Fortune,
Mais souvent le jouet de tous les maux de la vie ;
Brülant d’essuyer chaque larme, d’apaiser chaque soupir,
Mais rarement obtenant la moindre attention pour les siens.
Pourtant l’honnète Nature n’est pas tout à fait un Turc,
Elle commença par rire, puis elle s’attendritsur son pauvreouvrage.
Ayant pitié de voir sans appui cette plante grimpante de l’humanité,
Elle avisa à lui trouver un arbre en plein vent ;
Et, pour soutenir son débile état de chèvrefeuille,
Elle l’attacha au généreux vraiment grand,
Seul titre que j’invoque

Pour étreindre avec forcela main secourable du bienfaisant Graham.
Aie pitié de la misérable troupe des muses mélodieuses,
Faibles ct timides soldats de la mer orageuse de la vic !
Leurs cœurs ne sont pas d’une matière éguiste, dure, absorbante,
Qui ne donne jamais — quoique humblement elle prenne assez ;
Le peu que la destinée leur accorde, ils le partazent aussitôt,
A l’opposé du bienfoit sensé, proverbial, et difficilement obtenu de
Le monde serait heureux si le bonheur dépendait d’eux. {la sagesse.]
Ah ! faut-il « que le cœur aimant manque jamais d’ami ! »
Que la prudence énumère chacun de ses vigoureux fils,
Qui du méme picd entrèrent dans la vie et dans la sagesse,
Qui raisonnent leurs sentiments et règlent leur bicnfaisanco
(L’instinct est une brute, et le sentiment un fou ! ),
Qui mettent le pauvre « je ferai » aux ordres de « je devrais » —
Nous reconnaissons qu’ils sont prudents, maïs qui trouve qu’ils
O gens sages, retirez-vous ! vous blessez l’œil sociable,’ soicnt bons ?]
Image de Dieu gross’èrement gravée sur de bas aloi !
Mais venez, vous qui connaissez ce plaisir divin,
Cet attribut spécial du ciel — donner !
Dont les bras aimants voudraient étreindre la race humaine :
Viens, toi qui donnes avec toute la gräce d’un homme de cour,
Ami de ma vie, vrai patron de mes vers,
Appui de mes plus chères espérances d’avenir|
Pourquoi mon âme à demi rougissante, à demi effrayéo,
Recule-t-elle, honteuse de demander ton assistance amicale ?
Jo connais mon indigence, je connais ta main libérale,
C’est sur ton ordre obligeant que j’implorc ton amitié ;
Mais il en est qui courtisent les neuf mélodicuses —
Ciel ! mon nom aurait-il ce stigmate !

Dont les vers coulent avec une mäle et sublime fierté,
Quoique les plus vils reptiles dans leur prose de mendiants.
Vois comme leur esprit hautain et indépendant
Vole sur l’aile méprisante du mépris outragé !
Ne cherche pas à en trouver les preuves dans leur vie privée ;