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POÉSIES DE BURNS.


Excepté où retentissaicnt les échos du bois vert
Dans les colcaux de Ballochmyle.
D’un pas insoucisnt j’allais en avant,
Le cœur réjoui de la joie de la nature,
Lorsque, rêvant dans une clairière isolée,
J’aperçus une belle jeune fille ;
Son regard était comme l’œil du matin,
Son air comme le sourire printanier de la nature,
La Perfection murmurait en passant :
Regarde la fille de Ballochmyle !
Belle est la matinée au mois fleuri de mai,
Et suave est la nuit dans la douce automne,
Quand on parcourt le gai jardin,
Ou qu’on erre dans la solitude sauvage :
Mais la femme, cnfant chéri de la Nature !
C’est là qu’elle accumule tous ses charmes ;
Et pourtant tout ce qu’elle a fait en ce genre est surpassé
Par la jolic fille de Ballochmyle.
Oh ! si elle eût été une simple villageoise,
Et moi l’heureux berger,
Quand je n’aurais eu que le plus humble abri
Qu’on ait jamais élevé dans les plaines de l’Ecosse ;
Battu du vent ct de la pluie des hivers,
Avec joie, avec transport j’aurais travaillé,
Et la nuit serré sur mon sein
La jolie fille de Ballochmyle.
L’orguocil alors pourrait gravir le glissant précipice
Où la renommée et les honneurs se dressent éclatants ;
Et la soif de l’or pourrait affronter la mer,
Ou chercher sous terre la mine indienne ;
Donnez-moi la cabane au-dessous du pin
Pour garder les troupeaux ou labourer le sol,
Et chaque jour avoir des joics divines
Avec la jolie fille de Ballochmyle.
CLVIT.
Ce ne fut pas son bel œil bleu qui fit ma ruine ;
Toute jolie qu’elle est, ce ne fut pas là ce qui me perdit ;
Ce fut ce cher sourire quand personne ne nous observait,
Ce fut ce doux, cet ensorcelant coup d’œil de bienveillance.

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