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POÉSIES DE BURNS.


CXXXII.
Le Soir tombe avec charme sur Craigie-Bura,
Et le Matin s’y éveille joyeux ;
Mais tout l’orgueil du Printemps de retour
Ne peut m’apporter que chagrin.
Je vois les fleurs et les arbres qui se déploient,
J’entends les oiseaux qui chantent en liberté ;
Mais quelle chose peut plaire à un homme excédé,
Et dont le sein est rongé de soucis ?
Oh ! je voudrais tant vous confier mes peines,
Mais j’ai trop peur de votre courroux ;
Pourtant ce secret amour brisera mon cœur,
Si je le cache plus long-temps.
Si tu me refuses ta pitié,
Si tu dois en aimer un autre ;
Quand ces feuilles vertes tombcront de l’arbre,
Elles se sécheront autour de mon tombeau.
CXXXIIL.
LES COTEAUX DE BALLOCHMYLE.
Les bois de Catrine devenaient jaunes,
Les fleurs se fanaient sur la praine de Catrine,
Pas une alouette ne chantait sur la verte colline,
Mais la nature prenait un air malade.
Dans les bocages flétris Maria chantait,
Ellc-même alors dans la fleur de la beauté,
Et toujours les échos du bois répétaient :
Adieu les coteaux de Ballochmryle.
Couchées dans vos lits d’hiver, 0 fleurs,
Vous renaltrez fraiches et belles ;
Et vous, oiscaux mucts dans les bocages qui 86 dépouillent ,
Votre voix retrouvera son charme.
Mais ici, hélas ! pour moi désormais
L’oiscau sera sans charme, et la fleur sans sourire.
Adieu les belles rives d’Ayr,
Adieu, adieu, charmant Ballochmyle :