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POÉSIES DE BURNS.


Mon antre serait un bosquet d’amant,
Quoique l’hiver en courraux déchirät l’air,
Et elle une charmante petite fleur
Que j’y soignerais et abritcrais.
Oh‘ qu’elle est ravissante dans la ville lè-bas,
Sur laquelle est descendu le soleil qui s’abaisse !
Une plus jolie qu’elle dans la ville là-bas,
Jamais ses rayons qui se couchent n’en ont éclairé.
Si le sort en courroux m’a juré inimitié,
Et que je sois condamné à endurer la souffrance,
Je quitterai ici-bas tout avec insouciance,
Mais épargne-moi, épargne-moi, chère Lucy.
Car, tant que de la vie lc sang précicux sera chaud,
Jamais une seule de mes pensées ne s’écartera d’elle ;
Et elle — comme sa personne est la plus belle,
De mème son cœur est le plus tendre et le plus vrai !
CXI.
Oh ! si j’étais sur le mont Parnasse,
Ou que j’eusse tout mon soùl d’Hélicon,
Afin d’acquérir un talent poétique
Pour chanter combien tendrement je t’aime !
Mais le Nith doit ètre la source de ma muse,
Ma muse doit être ta belle personne ;
Sur Corsincon j’ouvrirai de grands yeux, et j’épellerai,
Et j’écrirai combien tendrement je t’aime|
Viens donc, douce muse, inspirer mon chant !
De tout le long jour d’été
Je n’ai pu chanter, je n’ai pu dire
Combien tendrement je t’aime.
Je te vois danser sur la verdure,
Ta taille si mince, tes membres si élégants,
Tes regards séduisants, tes yeux fripons —
Par le cicl ct la terre, je t’aime !
Le jour, la nuïît, au champ, au logis,
Ta pensée enflamme mon sein ;
Et toujours je réve et chante ton nom ;
Je ne vis que pour l’aimer.