Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée
196
POÉSIES DE BURNS.


Détruisirent tout mon bonheur dans sa fleur.
Quoique la fortune volage m’ait trompé,
Qu’elle m’ait promis le bien et n’ait tenu que le mal,
Qu’elle m’ait enlevé mainte joie et mainte espérance,
Je porte un cœur qui me soutiendra.
LVI.
LA FILLE AUX YEUX BLEUS.
J’ai pris hier une route malencoutreuse,
Une route dont je me repentirai cruellement , j’ai peur ;
J’ai puisé ma mort dans deux jolis yeux,
Deux charmants yeux d’un beau bleu.
Ce n’étaient pas ses brillantes boucles d’or,
Ses lévres pareilles à des roses trempées de rosée,
Son sein gonflé et d’un blanc de lis ; —
C’étaient ses yeux d’un si beau bleu.
Elle parlait, elle souriait, elle séduisit mon cœur,
Elle charma mon âme, je ne sais comment ;
Et pourtant l’atteinte, la blessure mortelle,
Vint de ses yeux d’un si beau bleu.
Mais, faute de parler on manque souvent son coup,
Peut-être écoutcra-t-elle mon vœu :
Si clle refuse, j’imputerai ma mort
À ses deux yeux d’un si beau bleu.
LVIT.
PERSONNE.
J’ai une femme à moi,
Je ne partagerai avec personne ; 7
Je ne me laisserai pas faire cocu,
Je ne ferai cocu personne.
J’ai deux sous à dépenser,
De cela — je ne remercie personne ;
Je n’ai rien à prèter,
Je n’emprunterai de personne.