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POÉSIES DE BURNS.


Que le Soleil même ne jette pas un regard trop ardent
Sur ton sein encore rougissant de rose :
Puisses-tu long-temps, charmant bouton rougeàtre,
Parer richement ta tige natale ;
Jusqu’à quelque soir, grave et calme,
Versant la rosée et respirant le baume ;
Tandis que tout alentour le bois résonnera
Et que chaque oiscau chantera ton Requiem ;
Toi, au milicu de ces acrents funèbres,
Tu répandras autour de toi tes honneurs mourants,
Et tu rendras à ta terre maternelle
La plus aimable forme à laquelle elle ait jamais donné naissance,
EN LISANT DANS UN JOURNAL
LA MORT DE JOHN MAC LEOD, ESQ.,
FRÈRE D’UNE JEUNE PERSONNE,
AMIE PARTICULIÈRE DE L’AUTEUR.
Triste est ton récit, page futile,
Et déplorable ton alarme :
La mort arrache un frère bien aimé
Des bras d’Iisabella.
Agréablement parée de la rosée en perles,
La rose du matin peut s épanouir ;
Mais à midi une série de froids coups de vent
Peut jeter ses beautés à terre.
Sur le matin d’Isabella
Le soleil souriait propice ;
Mais, long-temps avant midi, des nuages succesaifs
Trompèrent ses espérances successives.
Le destin rompt souvent les cordes du sein
Que la nature avait le mieux garni :
Ainsi était formé le cœur d’Isabella,
Et ainsi ce cœur fut brisé.
Le terrible Tout-Puissant, seul,
Peut guérir la blessure qu’il a faite ;
Peut diriger les yeux pleins jusqu’au bord et usés par la douleur
Vers les scènes au delà du tombeau.
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