Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée
139
POÉSIES DE BURNS.


TAM O’ SIANTER,
CONTE.
De lutins et de spectres ce livre est plein.
Gawix Douuss.
Lorsque les calporteurs quitient la ruc,
Et que les voisins altérés accostent les voisins,
Quand les jours de marché tirent à leur fin,
Et que les gens commencent à so remettre en route ;
Tandis que nous sommes à sabler l’ale,
Devenant gris et tout heureux,
Nous ne pensons pas aux lonss milles d’Ecosse,
Aux marais, caux, barrières ct pas de haie,
Qui sont entre nous et notre logis
Où se tient notre revèche et maussade dame,
Rapprochant ses sourcils comme la tempête ses nuages,
Choyant sa colère pour la tenir chaude.
Il en reconnut la vérité, l’honnète Tam 0’ Shanter,
Une nuit qu’il trottait revenant d’Ayr
(La vicille Ayr, que pas une ville ne surpasse
Eu honnètes gens et julies filles).
O Tam ! si seulement tu avais été assez 8aÿ0
Pour suivre l’avis de ta femme, Kate !
Elle t’a bien dit que tu étais un vaurien,
Un diseur de sorncttes, un tapageur, un soûlard,
Que de novembre en octobre
Tu n’étais pas sobre un seul jour de marché ;
Que pour chaque grain à moudre, avec le meûnicr
Tu restais aussi long-temps que tu avais de l’argent ;
Que chaque cheval que tu menais ferrer,
Le maréchal et toi, vous vous soüliez terriblement ;
Qu’à la maison du Scigneur, même le dimancho,
Tu buvais avec Jean Kirkton jusqu’au lundi.
Elle a prophétisé que, tôt ou tard,
On te trouverait noyé au fond du Doon,
Ou attrapé dans l’ombre par les sorcières
Hantant la vieille église d’Alloway.
Ah ! aimables dames, cela me fait pleurer,
Do penser combien de doux conseils,
Combien de longs et sages avis
Le mari dédaigne dans la bouche de la femme !
Mais à notre récit : — Un soir de marché
Tam s’était installé merveilleusement bien,
Tout au coin d’un feu flambant clair,