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POÉSIES DE BURNS.


Et que sur son enclume, comme une morue sèche,
I aplatisse tes vicux flancs !
I est parti ! il est parti ! 11 nous a été arraché,
Le meilleur garçon qui soit jamais né !
La nature clle-même, Matthew, te pleurcra
Dans les bois et les lieux sauvuses,
Où, peut-être, la Pitié erre sans secours,
Exilée loin de l’homme.
O vous, montagnes, proches voisines des étoiles,
Qui dressez ficrement vos crêtes de pierre ;
Vous, rochers, demeure des aigles qui vogucnt dans l’air,
Où l’écho sommeille !
Allons, joignez-vous, à les plus durs enfants de la Nature,
À mes accents plaintifs|
Pleurez vous tous, chaque bois connus du ramicr|
Et vous, massifs de noisctiers et buissons d’églantiers !
Et vous, petits ruisseaux serpentant dans vos valluns
Avec un bruit vacillant,
Ou tout fumants dans vos bonds rapides
De chute en chute !
Pleurez, petites camponules de la pelouse ;
Vous, altières digitales, belles à voir ;
Vous, chèvrefeuilles qui pendez gracicusement
En odorants borceaux ;
Vous, roses sur votre tige épineuse,
Les premicres des fleurs !
A l’aube, quand chaque brin d’herbe
Sc courbe, un diamant à la tète ;
Le soir, quand les fèves répandent leur parfum
Daus la brise sonore,
Vous, liévres, qui courez à travers la clairière,
Venez vous joindre à mes lamentations !
Pleurez, vous, petits chanteurs du bois ;
Vous, coq de bruyère, qui cu tondez les bourgcons ;
Vous, courlis appelant à travers un nuage ;
Vous, pluvier siMeur ;
Et vous, pleurez, couvéc sloussante de la pordrix ! —
il est parti pour toujours.
Pleurez, sombres poules d’eau et sarcelles lachetces ;
Vous, hérons pêcheurs épiant les anguilles ;
Vous, cane ct canard, de cercles aériens
Entourant le lac :