Alors je me levai, et fis le serment
Que, quand je devrais mettre en gage ma charrue et mes outils,
Ou mourir de la mort d’un petit cheval de charrette.
Derrière quelque mur,
Je donnerais pinte et roquille
Pour vous entendre causer.
Mais d’abord, et avant tout, je devrais dire
Que presque aussitôt que je pus lire,
Je me mis à rimailler des vers,
Rudes, il est vrai, et grossiers ;
Mais, quand on fredonne pour soi seul,
C’est assez bien.
Je ne suis pas poète, en un sens,
Mais simplement une sorte de rimeur, par hasard,
Et je n’ai aucune prétention au savoir ;
Mais qu’importe ?
Toutes les fois que ma muse jette un coup d’œil sur moi,
Je résonne aussitôt.
Vos critiques peuvent friser leur narine,
Et dire : « Comment pouvez-vous vous proposer,
Vous qui savez à peine distinguer les vers de la prose,
De faire une chanson ? »
Mais, avec votre permission, mes savants ennemis,
Vous pouvez bien avoir tort.
Qu’est-ce que tout le jargon de vos écoles,
Vos noms latins pour cuillers et escabeaux ?
Si l’honnète Nature vous a faits sots,
À quoi servent vos grammaires ?
Vous auriez micux fait de prendre des pioches et des pelles,
Ou des marteaux à casser les pierres.
Un tas de nigauds lourds et suffisants
S’embrouillent la cervelle dans les classes des collèges !
Ils y entrent bœufs et en sortent ânes,
À parler franchement ;
Et puis ils songent à gravir le Parnasse
Par la vertu du grec.
Donnez-moi une étincelle du feu de la Nature !
C’est toute l’érudition que je désire ;
Alors, quoique je m’éreinte par la boue et la crotte
À la charrue ou à la charrette,
Ma muse, bien que grossière dans son accoutrement,
Peut toucher le cœur.
Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/162
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POÉSIES DE BURNS.