Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée
106
POÉSIES DE BURNS.

Ce n’est qu’un trait plus doux
De notre pauvre nature coupable et corrompue.
Vous trouverez les meilleures œuvres morales
Chez les noirs Gentaos et les Turcs idolâtres,
Ou les sauvages chasseurs du Ponotaxi,
Qui n’ont jamais entendu parler d’orthodoxie.
S’il est l’ami de l’homme pauvre dans le besoinh,
Un gentleman en parole et en action,
Ce n’est pas terreur de la damnation ;
C’est simplement une inclination charnelle.
Morale, poison mortel,
Tu en as tué des dizaines de milliers !
Vain est l’espoir de celui qui met sun appui et sa confiance
Dans la pitié, la vérité et la justice morales !
Non — délayez un point de sermon pour attraper un sou ;
Diffamez un frère derrière son dos ;
Échappez-vous par une fenêtre de chez une fille de joie,
Mais montrez au doigt le libertin qui passe per la porte ;
Soyez pour les pauvres comme une pierre à couteaux
Et tenez leurs nez sur la meule,
Étudiez tous les moyens de voler légalement ;
Peu importe, pourvu que vous restiez attaché à la saine croyance.
Apprenez des prières de trois milles de long, et des grâces d’un demi-mille,
Les mains bien étendues, avec de longues grimaces ;
Poussez un gémissement solennel, prolongé,
Et damnez tous les partis, excepté le vôtre ;
Je garantis alors que vous n’êtes point un trompeur,
Mais un ferme, robuste et véritable croyant.
Ô vous, qui quittez les sources de Calvin
Pour les mares fangeuses creusées par vous-mêmes ,
Pous, fils de l’hérésie et de l’erreur,
Quelque jour vous crierez tout tremblants de terreur,
Quand la Vengeance en courroux tirera son glaive,
Et en jettera le fourreau dans le feu ;
Quand la Destruction, avec son balai puissant,
S’agitera jusqu’à ce que le ciel lui ait donné mission d’agir,
Tandis que sur la harpe la päle Misère gémira
Et frappera des accords toujours plus graves,
Des cris toujours plus perçants, et des plaintes plus profondes !
Pardon, monsieur, de cette digression,
J’ai presque oublié ma dédicace ;
Mais quand la théologie me vient à la traverse,
Mes lerteurs sont toujours sûrs de me perdre.
Ainsi, monsieur, vous voyez que ce n’était point une folle vapeur ;
Mais, après mûre réflexion, j’ai cru convenable,
Quand j’ai revu toutes mes œuvres,
De vous les dédier, monsieur ;
Parce que (vous ne devez pas le prendre mal)