Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée
98
POÉSIES DE BURNS.

Tu lèves ta tête sans prétention
D’une humble manière ;
Mais maintenant le soc détruit ton lit,
Et tu gis à terre !

Tel est le sort de la fille naïve,
Douce fleurette du champêtre ombrage,
Trahie par la simplicité de l’amour
Et par son innocente confiance,
Jusqu’à ce que, comme toi, toute souillée, elle soit gisante
À terre dans la poudre.

Tel est le sort du simple Barde,
Lancé sous une mauvaise étoile dans la mer agitée de la vie !
Jnhabile qu’il est à observer la carte
De l’habile prudence,
Jusqu’à ce que les vagues se courroucent, et que les vents soufflent violemment
Et le fassent succomber !

Tel est le sort réservé au mérite malheureux,
Qui long-temps a lutté contre les besoins et les peines,
Poussé par l’orgueil ou l’astuce des hommes
Au bord de ia misère,
Jusqu’à ce que, dépossédé de tout autre appui que le ciel,
Il s’affaisse, ruiné !

Toi-même, qui pleins le sort de cette marguerite,
Ce sort est le tien ; — à une époque peu éloignée
Le soc de la cruelle Destruction passe féremcat
Eo plein sur ta fleur,
Jusqu’à ce que d’être écrasé sous le poids du guéret
Soit ta destinée !

À LA DESTRUCTION.

I.

Salut ! maîtresse inexorable,
Dont la parole féconde en ruines
Renverse les plus puissants empires !
À ta suite cruelle, qui se plaît dans le mal,
À tous les ministres de doulcur et de peine,
Une sombre bienvenue |
D’un œil de désespoir et de résolution farouche,
Jo vois chaque trait lancé ;
Car l’un d’eux a tranché mon lien le plus cher