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POÉSIES DE BURNS.


Tu les couches avec tous leurs soucis
Dans un sommeil éternel ;
Comme dans un torrent tu les emportes
Avec une force irrésistible.

Ils fleurissent comme la fleur du matin
Daus tout l’orgueil de la beauté ;
Mais long-temps avant la nuit elle gît coupés,
Toute fanée et ternie.

STANCES

À UNE MARGUERITE DE MONTAGNE,

TOMBÉE SOUS MA CHARRUE,

EN AVRIL 1786.

Modeste petite fleur bordée de rouge,
Tu m’as rencontré dans une heure fatale ;
Car il faut que j’écrase dans la poussière
Ta mince tige ;
T’épargner à présent dépasse mon pouvoir,
Joli joyau des champs.

Hélas ! ce n’est pas ta douce voisine,
La gentille alouette, compagne convenable,
Qui te courbe dans l’humide rosée,
La gorge tachetée,
Lorsqu’elle s’élance dans les airs, joyeuse de saluer
L’orient qui s empourpre.

Le nord, à l’äpre morsure, souffla froid
Sur ta naissance humble et précoce ;
Pourtant tu perças gaicment le sol
Au milieu de la tempête,
Élevant à peine au-dessus de la terre maternelle
Ta forme délicate.

Les fleurs éclatantes que nos jardins produisent,
Il faut qu’un haut rempart d’arbres et de murs les protège ;
Mais toi, sous l’accidentel abri
D’une motte ou d’une pierre,
Tu ornes l’aride champ d’étcule,
Inaperçue, solitaire.

Là, enveloppée de ton étroit manteau,
Ton sein de neige étalé au soleil,