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POÉSIES DE BURNS.


V.

Ne considère pas seulement la fleur de l’âge
Ou la puissance active de la virilité ;
L’homme alors est utile à son espèce,
Son droit trouve un appui ;
Mais vois-le aux limites de la vie,
Usé par les soucis et les chagrins,
Alors la vieillesse et le besoin, — oh ! couple mal assorti ! —
Montrent que l’homme est né pour gémir.

VI.

Quelques-uns semblent les favoris du Destin,
Choyés dans les bras du Plaisir ;
Pourtant ne pensez pas que tous les riches et les grands
Soient également vraiment heureux.
Mais, hélas ! quelle foule d’hommes sur chaque terre
Sont misérables et délaissés ;
Dans la pénible vie apprenez cette leçon,
Que l’homme est né pour gémir.

VII.

Nombreux et aigus sont les maux
Tissus dans notre trame !
Nous rendons nous-mêmes plus acérés encore
Le regret, le remords et la honte !
Et l’homme, dont le visage élevé vers le ciel
S’embellit des sourires de l’amour,
L’homme, par son inhumanité envers l’homme,
Condamne des myriades innombrables à gémir.

VIIIi.

Vois là-bas ce pauvre être exténué de fatigue,
Si sbject, si infime et si bas
Qui demande à un autre fils de la terre
De lui donner la permission de travailler ;
Et vois le ver hautain, son frère,
Rejeter l’humble supplique,
Inattentif, quoique une épouse en larmes
Et des enfants sans ressources soient à gémir.

IX.

Si je suis destiné à être l’esclave de ce lord, —
Destiné par la loi de la Nature, —
Pourquoi un vœu d’indépendance
A-t-il toujours été enraciné dans mon cœur ?