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POÉSIES DE BURNS.


L’HOMME EST NÉ POUR GÉMIR.

I.

Quand le sombre souffle du froid Novembre
Dépouillait les champs et les forêts,
Un soir, comme j’errais
Le long des bords de l’Ayr,
Je vis un homme dont le pied vieilli
Semblait fatigué, usé par les soucis ;
Sa face était toute sillonnée par les années,
Et ses cheveux étaient blancs.

II.

Jeune étranger, où vas-tu
(Me dit le vénérable sage) ?
Est-ce la soif de la richesse qui pousse tes pas,
Ou la rage des plaisirs du jeune âge ?
Ou peut-être, accablé de soucis et de chagrins,
Tu as commencé trop tôt
À errer avec moi pour gémir
Sur les misères de l’homme !

III.

Ce soleil suspendu sur les bruyères là-bas,
Qui répand ses rayons partout
Où des centaines de bras travaillent à entretenir
L’orgueil de quelque lord hautain ;
J’ai vu ce faible soleil
Revenir deux fois quarante hivers,
Et chaque fois m’a apporté de nouvelles preuves
Que l’homme est né pour gémir.

IV.

Homme, dans tes jeunes années,
Comme tu es prodigue du temps !
Gaspillant toutes tes heures précieuses,
Ta brillante fleur de jeunesse !
Les folies règnent tour à tour sur toi :
Les passions licencieuses te brûlent ;
Ce qui donne une force décuple à cette loi de nature,
Que l’homme est né pour gémir.