X.
Est-il sous forme humaine et portant un cœur —
Un misérable ! un scélérat ! mort à l’amour et à la vérité !
Qui puisse, avec un art étudié, perde et insidieux,
Trahir la confiante jeunesse de la charmante Jenny !
Malédiction sur ses parjures artificieux ! sur ses flatteries menteuses !
L’honneur, la vertu, la conscience, sont-ils tous exilés ?
N’est-il ni pitié, ni tendre commisération
Qui lui montre les parents idolâres de leur enfant ?
Puis lui peigne la fille perdue, et l’égarement de leur désespoir ?
XI.
Mais voici le souper qui couronne leur simple table,
Le salubre parritch[1], la principale nourriture de l’Écosse,
La soupe que fournit leur seule vache
Qui, derrière la cloison, rumine commodément.
La maîtresse apporte, dans une intention civile,
En faveur du jeune homme, son fromage conservé avec sain, et piquant,
Et elle lui en offre souvent, et souvent il le déclare bon.
La bonne ménagère, qui aime à jaser, raconte
Comme quoi il était vieux de douze mois quand le lin était dans la clochette.
XII.
Le joyeux souper fini, d’un air sérieux
Ils forment un grand cercle autour du foyer ;
Le pére feuillète avec la grâce d’un patriarche
La grosse Bible de famille, jadis l’orgueil de son père ;
Sa toque, respectueusement mise à l’écart,
Montre ses tempes grises qui se dégarnissent et se dépouillent ;
Ces chants qui jadis se répandaient si doux dans Sion,
Il en choisit une partie avec un soin judicieux,
Et « Adorons Dieu ! » dit-il d’un air solennel.
XIII.
Ils chantent leurs notes sans art d’une manière simple ;
Ils accordent leurs cœurs, but bien autrement noble.
Peut-être les mélodies agrestes de Dundee se font entendre,
Ou les Martyrs plaintifs, dignes de ce nom ;
Ou le noble Elgin attise la flamme qui monte au ciel,
Le plus doux, et de beaucoup. des chants sacrés de l’Écosse.
Comparés à ceux-là, les fredons italiens sont sans âme ;
L’oreille chatouillée n’éveille au cœur aucun transport,
Ils ne sont pas à l’unisson de la louange de notre Créateur.
- ↑ Pudding de gruau. (N. d. trad.)