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POÉSIES DE BURNS.


LE DÉCOURAGEMENT.

ODE.

I.

Accablé de chagrin, accablé de souci,
Sous une charge plus lourde que je ne la puis porter,
Je m’assieds à terre et soupire :
Ô vie, tu es un fardeau écorchant,
Sur une route raboteuse et harassante,
Pour les misérables tels que moi !
Quand je jette ma vue en arrière,
Quelles scènes attristantes m’apparaissent !
Que de chagrins encore peuvent me percer le cœur,
Et que de raisons de les craindre !
Toujours les soucis, le désespoir,
Tel doit être mon sort amer ;
Mes plaics ici ne se fermeront
Que quamd se fermera ma tombe.

II.

Heureux, ô vous, enfants de la vie active,
Qui, faits pour cette lutte d’intrigues,
Ne regardez point ailleurs !
Même lorsque vous manquez l’objet désiré,
Rien que les soins empressés que vous prenez
Portent avec eux leur récompense :
Tandis que moi, pauvre être abandonné de l’espérance,
Incapable d’un but,
Je vois revenir chaque lugubre nuit
Et chaque triste matin toujours les mêmes ;
Vous, en vous remuant et en vous poussant,
Vous oubliez chagrins et peines ;
Moi, indifférent, et pourtant sans repos,
Je trouve toute perspective vaine.

III.

Heureux le lot du solitaire,
Qui, oubliant tout et de tous oublié,
Dans son humble cellule,
Caverne sauvage formée de racines entrelarées,
S’assicd devant ses fruits nouvellement cucillis,
Près de sa source de cristal !
Ou peut-ûtre à sa pensée du soir.
Au bord d’un ruisseau solitaire,