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POÉSIES DE BURNS.

     De celui qui est renié de ses amis et de la fortune !
     Après avoir mal apaisé les cris impérieux de la nature irritée,
         Il s’étend sur son lit de païlle pour dormir,
     Tandis que, par le toit en lambeaux et le mur crevassé,
         Le froid chasse et amoncelle la neige sur son sommeil !
         Pensez à l’affreuse contrainte du cachot,
         Où le crime et la pauvre infortuno languissent !
         Le crime, homme sujet à l’erreur, vois-le d’un œil de pitié !
          Mais ta fureur légale poursuivra-t-elle
         Le malheureux, déjà tout écrasé
         Des coups non mérités de la fortune cruelle ?
Les fils de l’affliction sont frères en détresse :
Secourir un frère, quelle jouissance exquise ! »

     Je n’en entendis pas davantage, car Chante-clair
          Secoua la neige poudreuse
     Et salua le matin d’une acclamation —
          Un chant éveille-chaumière.

     Mais cette vérité se grava profondément dans mon esprit :
          Entre tous ses ouvrages,
     Le cœur bienveillant et bon
          Ressemble le plus à Dieu.



ÉPÎTRE À DAVIE,


CONFRÈRE POÈTE


(DAVID SILLAR, MAÎTRE D’ÉCOLE ET BARDE).


Janvier 1784.


Tandis que les vents soufflent de Ben-Lomond,
Et encombrent les portes de la neige qu’ils chassent,
     Et nous suspendent au-dessus du feu,
Je me mets, pour passer le temps,
À tourner un ou deux couplets
     En grossier jargon d’Occident.
Tandis que les vents glacés poussent les tourbillons dans la chambre
     Jusqu’au coin du feu,
Je murmure un peu du sort des grands,
     Qui vivent si riches et si à leur aise :
          Je me sourie moins et j’ai moins besoin