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POÉSIES DE BURNS.

Mais, hélas ! je jette l’œil en arrière
         Sur de lugubres perspectives,
Et ce qui est devant, quoique je ne puisse pas le voir,
         Je le devine et le crains !

UNE NUIT D’HIVER.


« Pauvres malheureux nus, qui que vous soyez
Qui êtes exposés aux fureurs de l’impitoyable tempête !
Comment vos têtes sans abri et vos flancs affamés,
Votre déguentillement plein de trous et de fenêtres vous défendront-ils
Contre des saisons telles que celles-ci ! »

Shakespeare.


Quant le mordant Borée, cruel et dur,
Sous son aigre souffle fait frissonner le bois sans feuilles ;
Quand Phébus jette un regard de courte durée
         Loin au midi du ciel,
S’obscurcissant sous les couches de pluie
         Ou les tourbillons de neige ;

Une nuit la tempête agitait les clochers,
Le pauvre Travail reposait doucement dans les bras du Sommeil,
Tandis que les ruisseaux, engorgés d’amas de neige,
         Détournaient leurs eaux vagabondes,
Ou, s’échappant par l’issue lentement creusée,
         S’y précipitaient tête baissée.

Écoutant battre les portes et les fenêtres,
Je pensais au bétail frissonnant
Et aux innocents moutons, qui sont en butte aux attaques
         De l’Hiver ennemi ;
Et, à travers la neige où ils enfoncent, s’efforcent d’atteindre
         Le pied d’un rocher.

Vous tous, oiseaux sautillants, petits êtres sans défense,
Que, dans les joyeux mois du printemps,
Je prenais plaisir à entendre chanter,
         Que devenez-vous ?
Où abriterez-vous votre aile tremblante ?
         Où fermerez-vous votre œil ?

Même vous qui, toujours occupés de projets meurtriers,
Solitaires, crrez loin do vos retraites farouches,
Mon cœur vous pardonne le juchoir tache de sang
         Et le parc de brebis ravagé,