Je te souhaite une bonne année, Maggie !
Tiens, foici une poigné® pour ta vieille panse :
Quoique maintenant tu aies le dos creux et noneux,
J’ai vu le jour
Que tu pouvais aller comme un cerf
Sur la prairie.
Quoique maintenant tu sois ridée, roide et cassée,
Et que ta vieille peau soit aussi blanche qu’une marguerite,
Je t’ai vue pommelée, lisse et luisante
D’un joli gris :
Il aurait eu du nerf celui qui aurait osé t’irriter
Aux jours d’autrefois.
Tu étais jadis au premier rang,
Fortement bâtie, ferme et de haute taille :
Tu posais sur la terre une jambe aussi bien faite
Que pas une qui l’ait jamais foulée :
Et tu savais voler par-dessus une mare
Comme un oiseau.
Il y a maintenant quelque vingt-neuf ans
Que tu étais la jument de mon beau-père ;
vIl te donna à moi, pour toute dot,
Avec cinquante marcs[1] ;
Quoique peu de chose, c’était de l’argent bien gagné,
Et tu étais vigoureuse.
La première fois que j’allai faire la cour à ma Jenny,
Vous trottiez alors avec votre maman :
Quoique vous fussiez espiègle, rusée et joueuse,
Jamais vous n’étiez rétive ;
Mais simple, docile, paisible et douce,
Et tout avenante.
Ce jour-là vous caracoliez avez beaucoup de fierté
Quand vous portiez au logis ma belle fiancée :
- ↑ Le marc vaut treize shillings et huit sous. (N. d. trad.)