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POÉSIES DE BURNS.


Meg aurait bien voulu aller à la grange
         Pour vanner trois vans de rien ;
Mais, quant à rencontrer le diable seule,
         Elle n’y a que peu de confiance :
Elle donne au berger quelques noisettes
         Et deux pommes aux joues rouges
Pour faire le guet, tandis qu’elle part pour la grange,
         Dans l’espérance de voir Tam Kipples
                  Cette même nuit.

Elle tourne la clef d’une main prudente
         Et se hasarde sur le seuil ;
Mais d’abord fait un appel à Sawnie,
         Puis elle entre hardiment :
Un rat fit du bruit en haut du mur,
         Et elle cria : Que le Seigneur me préserve !
Et courut à travers le fumier pt tout,
         Et pria avec zèle et ferveur
                  Très-vite cette nuit.

Ils poussèrent Will dehors avec de rudes exhortations ;
         Ils lui promirent quelque charmante belle ;
Il advint que le tas, qu’il mesura trois fois de ses bras,
         Était entouré de bois pour le maintenir ;
Il prit un vieux tronc noueux de chêne moussu
         Pour une noire et affreuse vieille,
Et il lâcha un jurement, et lança un coup tel,
         Qu’il mit en pièces la peau
                  De ses poings cette nuit.

Leezie était une veuve folâtre
         Aussi gaie qu’un jeune chat ;
Mais, hélas ! cette nuit, dans les bois,
         Elle resta muette de frayeur !
À travers les houx, et près du cairn[1],
         Et sur la montagne elle allait lentement
Au ruisseau où aboutissent les domaines des trois lairds ;
         Tremper dedans la manche gauche de sa chemise[2]
                  Était son but cette nuit.

Tantôt sur une cascade le ruisseau se jouait
         En serpentant au travers du vallon ;
Tantôt il errait autour d’un rocher escarpé ;

  1. Sorte de tumulus de forme conique, composé d’un amas de lierre.
  2. Au retour, on se met au lit, mais placé de manière à voir le feu, où on a mis sa chemise à sécher. Vers minuit, une apparition, exactement semblable à la personne invoquée, viendra retourner la manche, comme pour la faire sécher de l’autre côté. (N. d. trad.)