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POÉSIES DE BURNS.

Il prit de la graine de chanvre[1], je me le rappelle bien,
         Et il en parla avec grand mépris,
Mais il fut bien des jours hébété,
         Tant il avait été épouvanté
                  Cette même nuit. »

Alors se leva le batailleur Jamie Fleck,
         Et il jura sur sa conscience
Qu’il pourrait semer un picotin de graine de chanvre ;
         Car tout cela, c’était de la niaiserie ;
Le vieux maître de la maison aveignit le sac
         Et lui en donna une poignée ;
Puis il lui dit de s’échapper de l’assemblée
         À un moment où personne ne le verrait,
                  Et d’essayer cette nuit.

Il marche à travers les tas de blé,
         Quoiqu’un peu effrayé ;
Pour herse il prend la fourche
         Et la traîne à son c-l ;
Et de temps en temps il dit :
        « Graine de chanvre, je te vois,
Et que celle qui doit être ma chérie
         Vienne après moi, et t’arrache
                  Aussi vite cette nuit. »

Il sifflait la marche de lord Lennox
         Pour tenir son courage éveillé,
Quoique ses cheveux commençassent à se cambrer,
         Tant il était saisi de frayeur :
Quand voilà qu’il entend un cri,
         Et puis un gémissement et un grognement ;
Il va regardant par-dessus san épaule,
         Et, trébuchant, tombe
                  Tout de son long cette nuit.

Il poussa un horrible cri « Au meurtre ! »
         Dans un désespoir effroyable ;
Et jeunes et vieux sortirent en courant
         Pour entendre le sombre récit :
Il jura que c’était Jeanne Mac-Craw, la boiteuse,
         Ou la bossue Mersan Humphie,
Quand, attendez ! elle trotta au milieu d’eux tous ;
         Et qui était-ce ? tout simplement la truie
                  Qui était dehors cette nuit.

  1. Il s’agit d’aller seul dans une grange faire trois fois le geste de vanner, et à la troisième fois l’apparition se montre sous un aspect ou avec une suite qui indique sa profession ou son rang dans le monde (N. d. trad.)