Pour brûler leurs noisettes et arracher leurs tiges de choux verts.
Et célébrer leur veille de Toussaint
Joyeusement cette nuit.
Les filles mises avec soin et exquise propreté,
Plus jolies que lorsqu’elles sont parées,
Leur figure enjouée est un bien charmant indice
D’un cœur loyal, chaud et aimant :
Les garçons si propres aussi, avec des lacs d’amour
Bien noués sur leurs jarretières ;
Les uns tout timides, ct d’autres avec des langues
À faire aller grand train le cœur des filles
Parfois la nuit.
Alors, premièrement et avant tout, à travers les choux verts,
Il faut que chacun aille chercher sa tige[1].
Ils ferment les veux, et tâtonnent, et choisissent
Les grosses et les droites.
Ce pauvre niais de Will manqua le but
Et s’égara parmi les choux blancs,
Et arracha, faute de meilleure ressource,
Une tige qui ressemblait à une queue de truie,
Tant elle était tortue cette nuit.
Alors, droite ou tortue, avec ou sans terre[2],
À tue-tête ils crient tous pêle-mêle ;
Il n’y a pas jusqu’aux petits enfants qui, tout branlants, ne courent
Avec des tiges par-dessus leurs épaules ;
Et, ouvrant leurs couteaux, ils goûtent
Si les cœurs sont doux ou amers[3] ;
Puis, soigneusement, ou-dessus de la porte,
Avec adresse, ils les ont mises là
À passer la nuit.
Les filles s’échappent d’entre eux tous
Pour arracher leurs tiges de blé[4] ;
Mais Rab s’évade aussi et tourne
Derrière la grande haie :
Il agrippe Nelly fort et ferme ;
Toutes les filles jettent des cris ;
Mais son épi fut presque perdu,
Tandis qu’elle était blottie sous la meule
Avec lui cette nuit.
Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/113
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POÉSIES DE BURNS.