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POÉSIES DE BURNS.

       Les fautes et la folie de vos voisins !
Vous dont la vie est comme un moulin qui va bien,
       Fourni d’eau en abondanre,
Où l’amas de la trémie s’atfaisse toujours,
       Et toujours le claquet fait son tapage.

II.


Écoutez-moi, vous, vénérable corps,
       Comme conseil des pauvres mortels,
Qui dépassent fréquemment la porte de la discrète Sagesse
       Pour entrer chez l’imprudente Folie ;
Je voudrais présenter ici la défense
       De ces étourdis insouciants,
De leurs malheureux tours, de leurs noires erreurs,
       De leurs fautes et mésaventures.

III.


Vous voyez votre état comparé au leur,
       Et vous frissonnez à l’idée d’un échange ;
Mais jetez, un moment, un regard loyal
       Sur ce qui fait catte énorme différence.
Déduisez ce que la rareté des occasions vous a donné
       De cette pureté dont vous êtes fier,
Et (ce qui est souvent plus que tout le reste)
       L’art de savoir mieux vous cacher.

IV.


Pensez, lorsque votre pouls châtié
       De temps en temps bouillonne,
Quelles rages doivent soulever les veines
       Qui galopent éternellement ;
Avec le vent et la marée en queue,
       Droit devant vous vous fendez la mer ;
Mais voguer contre l’une et l’autre,
       Cela fait étrangement dériver.

V.


Voyez la Sociabilité et la Gaïeté s’asseoir
       Toutes joyeuses et insouciantes,
Jusqu’à ce qu’entièrement métamorphosées, elles soient devenues
       Débauche et Ivresse :
Oh ! si elles s’arrêtaient à calculer
       Les éternelles conséquences,
Ou à se représenter votre enfer plus redoutable,
       Damnation avec dépens !