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POÉSIES DE BURNS.


» Mais, tout au-dessous de la rose incomparable,
L’humble marguerite ne fleurit pas sans charme :
Quuiqu’au loin le monarque de la forêt étende
       L’ombre de ses bras,
Cependant l’aubépine pleine de sève verdoie
       Dans le vallon.

» Ne murmure donc ni ne te chagrine ;
Tâche de briller dans ton humble sphère :
Et, crois-moi, ni mines du Potose,
       Ni faveur de roi
Ne peuvent donner un bonheur qui surpasse le tien,
       Barde rustique.

» Pour donner mes conseils tous en un,
Entretiens toujours soigneusement ta flamme mélodieuse ;
Conserve la dignité de l’homme
       D’une âme fière,
Et compte que le Plan universel
       Protégera tout.

» Et porte ceci, » dit-elle d’un ton solennel.
Et elle attacha le Houx autour de ma tête :
Les feuilles polies et les graines rouges
       Bruirent en se jouant ;
Et, comme une pensée fugitive, elle disparut
       Dans un rayon de lumière.



DISCOURS


AUX TRÈS-BONS OU VERTUEUX RIGIDES.


                     Mon fils, faites-vous une règle de ces avis,
                         Et embrassez-les tous ensemble ;
                     Le vertueux rigide est un sot,
                         Le sage rigide en est un autre ;
                     Le blé le plus net qui ait jamais été vanné
                         Peut contenir quelques brins de paille ;
                     Ainsi ne méprisez jamais un de vos semblables
                         Pour quelques accès de folie.

Salomon, Ecclésiaste, ch. VII, vers. 16.


I.


Ô vous qui êtes si bons vous-mêmes,
       Si pieux et si saints,
Vous n’avez rien à faire que d’observer et raconter