» Mais, tout au-dessous de la rose incomparable,
L’humble marguerite ne fleurit pas sans charme :
Quuiqu’au loin le monarque de la forêt étende
L’ombre de ses bras,
Cependant l’aubépine pleine de sève verdoie
Dans le vallon.
» Ne murmure donc ni ne te chagrine ;
Tâche de briller dans ton humble sphère :
Et, crois-moi, ni mines du Potose,
Ni faveur de roi
Ne peuvent donner un bonheur qui surpasse le tien,
Barde rustique.
» Pour donner mes conseils tous en un,
Entretiens toujours soigneusement ta flamme mélodieuse ;
Conserve la dignité de l’homme
D’une âme fière,
Et compte que le Plan universel
Protégera tout.
» Et porte ceci, » dit-elle d’un ton solennel.
Et elle attacha le Houx autour de ma tête :
Les feuilles polies et les graines rouges
Bruirent en se jouant ;
Et, comme une pensée fugitive, elle disparut
Dans un rayon de lumière.
Mon fils, faites-vous une règle de ces avis,
Et embrassez-les tous ensemble ;
Le vertueux rigide est un sot,
Le sage rigide en est un autre ;
Le blé le plus net qui ait jamais été vanné
Peut contenir quelques brins de paille ;
Ainsi ne méprisez jamais un de vos semblables
Pour quelques accès de folie.
Ô vous qui êtes si bons vous-mêmes,
Si pieux et si saints,
Vous n’avez rien à faire que d’observer et raconter