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POÉSIES DE BURNS.


» Je t’ai vu chercher la rive retentissante,
Ravi du rugissement de la lame qui se brisait ;
Ou quand le Nord poussait ses blancs troupeaux
       À travers les cieux,
J’ai vu que le pâle visage de la nature assombrie
       Frappait tes jeunes yeux.

» Ou quand la terre, couverte d’un manteau vert-foncé,
Chaude, protéacait la naissance de chaque petite fleur.
Et que la joie et la musique se répandaient à flots
       Dans chaque bosquet,
Je t’ai vu contempler la gaieté générale
       Avec un amour sans bornes.

» Quand les champs mûris et les cieux d’azur
Éveillaient les bruits confus de la moisson,
Je t’ai vu quitter les plaisirs de la soirée
       Et marcher solitaire,
Pour exhaler le gonflement de ton sein soulevé,
       Dans une promenade pensive.

» Quand l’Amour jeune, la joue en feu, plein de force,
Passait sur tes nerfs tout frissonnants,
Ces accents agréables à ta langue,
       Le nom adoré,
Je t’appris à les répandre en chants
       Pour apaiser ta flamme.

» Je vis le mouvement désordonné de ton pouls,
Indocile, t’égarer sur les pas du Plaisir,
Abusé par le lumineux météore de l’Imagination,
       Entralné par la Passion ;
Mais pourtant la lumière qui te détournait du droit chemin
       Était une lumière du ciel.

» J’enseignai à tes chants, qui peignent les mœurs,
Les amours, les manières des simples bergers,
Si bien que maintenant sur tous mes vastes domaines
       Ta réputation s’étend,
Et que plusiours, l’orgueil des plaines de Coïla,
       Deviennent tes amis.

» Tu ne peux pas apprendre et je ne puis te montrer
À peindre avec l’éclat des paysages de Thomson ;
Ni à éveiller dans l’âme l’émotion poignonte
       Avec l’art de Shenstone ;
Ni à verser avec Gray la lave attendrissante
       Chaude sur le cœur.