Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée
55
POÉSIES DE BURNS.


» De là Fullarton, le jeune brave ;
De là la parole inspirée du zélé Dempster :
De là le doux et harmonieux Beattie chanta
       Ses Lais du Ménestrel ;
Ou arracha, piqué d’une noble ardeur,
       Les lauriers du sceptique.

» Aux ordres inférieurs sont assignés
Les rangs plus humbles de l’espèce humaine,
Le barde rustique, le jourualier,
       L’artisan ;
Toutes choisissent, suivant leurs différents penchants,
       Différents hommes.

» Quand jaune ondoie le grain pesant,
Les unes contiennent avec force l’orage menaçant ;
D’autres instruisent à améliorer la plaine
       Par la science de la culture ;
Et d’autres enscisnent la troupe des bergers
       Joyeux sur la montagne.

» Les unes insinuent à l’amant ses ruses innocentes ;
D’autres embellissent le sourire ingénu de la jeune fille,
D’autres adoucissent le travail harassant du laboureur,
       Pour d’humbles gains,
Et, par les scènes dont sa cabanc est le théâtre, trompent
       Ses soucis et ses peines.

» D’autres, bornécs à l’espace d’un district,
Explorent à fond la race naissante de l’homme
Pour découvrir la trace embryonique
       Du barde rustique :
Et notent suisneusement chaque grâce qui s’entr’ouvre
       Comme guide et gardienne.

» Je suis de celles-là — Coïla est mon nom ;
Et je réclame comme à moi le district
Où jadis les Campbells, chefs renommés,
       Eurent le souverain pouvoir ;
J’ai découvert l’embryon de ta flamme mélodieuse
       À l’heure de ta naissance.

» Avec espoir dans l’avenir j’ai souvent contemplé
Tendrement tes petits essais précoces,
Tes chants guerriers, la rude harmonie de ta phrase
       Aux rimes étranges,
Inspirée aux lais simples, sans art,
       Des autres temps.