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Où s’écroule et ruisselle, en nappes de clartés,
Dans la gloire des monts soudain ensanglantés,
Le thrésor sidéral des nouvelles aurores,
Voici qu’irradiant de flammes les Bosphores,

Sur les lances grandit le Bouclier du ciel.

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Alors, on vit debout sur les seuils du réel,
Belles comme un faisceau de glaives, à l’orée
Des grands bois frissonnants d’une terreur sacrée,
Les Vierges du Walhall apparaître, et dans l’air
Monta leur chant de mort vers le Nord triste et clair.

(L’Esprit qui passe).


SAPPHÔ


Ô toi vers qui mes sens allaient sans te connaître
Tyran tant désiré qu’appelait tout mon être,
Par mon sang lourd d’amour si longtemps attendu
Quand j’ai crié, vers toi qu’adorait mon génie,
Ma divine agonie,
Ô Phaon, c’est ta chair qui seule a répondu,

Pour dompter de ton front la beauté despotique,
J’ai jeté mon angoisse à la strophe impudique
Et tendu vainement, et jusqu’à les briser,
Les cordes de mon cœur et celles de ma lyre,
Sans voir en ton sourire
Une autre âme fleurir que l’âme du baiser.