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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

veilleuse à voir. Partout à sa surface brillait le gypse, l’ivoire, l’ambre, et resplendissait l’or ; de longues lames d’un acier azuré en formaient l’épaisseur. Au milieu était l’effrayante, l’ineffable image d’un dragon, jetant en arrière des regards enflammés, et la gueule toute remplie de dents blanches, cruelles, menaçantes. Au-dessus de son front terrible volait la Discorde, soufflant le feu de la guerre, affreuse divinité dont l’aspect ôtait le sens et le courage aux mortels assez audacieux pour oser se mesurer avec le fils de Jupiter : aussi leurs âmes sont-elles descendues dans la demeure souterraine de Pluton, tandis que leurs os, dépouillés, desséchés par les rayons dévorants du soleil, se consument sur la terre. Là encore étaient représentées et l’Attaque et la Défense, une mutuelle poursuite ; là s’échauffaient la Mêlée et le Carnage ; là s’emportaient la Fureur et le Tumulte ; l’implacable Parque y saisissait à la fois trois mortels, l’un récemment blessé, l’autre encore sans blessure, un troisième déjà mort et qu’elle traînait par les pieds à travers le combat, monstre au manteau rougi de sang humain, aux regards farouches, aux cris furieux.

Il y avait douze têtes de serpents, dont l’horreur ne se peut rendre, et qui épouvantaient ceux des mortels assez audacieux pour oser se mesurer avec le fils de Jupiter. Leurs dents s’entre-choquaient à grand bruit quand le héros combattait. Ces figures merveilleuses étaient comme enflammées. On distinguait des taches sur le corps des terribles dragons ; leur dos était azuré, noire était leur gueule.

Il y avait des troupes de sangliers et de lions se mesurant du regard, furieux, animés d’une ardeur belliqueuse ; ils s’avançaient comme par bataillons ;