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LE BOUCLIER D’HERCULE

nent entre tes mains, pour te combler de gloire, un mortel si grand et si fort. Allons, revêts tes armes ; poussons au plus vite notre char contre le char de Mars, et que la lutte s’engage ! Car ce dieu ne fera point trembler le fils de Jupiter ni le fils d’Iphiclée. Il fuira bien plutôt devant les rejetons d’Aclée, déjà prés de lui, brûlants de commencer le combat, qui leur plaît mieux qu’un festin. »

Il dit. Hercule sourit, car ces paroles plaisent à son cœur. « Iolas, reprend-il, nourrisson de Jupiter, nous ne sommes pas loin de la rude épreuve. Toi, qui toujours t’es montré brave, voici le moment de guider encore où il sera besoin notre grand Arion à la noire crinière, et de me prêter assistance selon tes forces. »

Ayant ainsi parlé, il enferme ses jambes dans des bottines d’un métal brillant, magnifique don de Vulcain ; sa poitrine, dans une cuirasse d’or habilement travaillée, que lui donna la fille de Jupiter, Pallas, lorsqu’il dut pour la première fois s’élancer aux tristes combats. Il suspend à ses épaules, guerrier redoutable, le fer protecteur. Il rejette sur son dos, loin de sa poitrine que presse la courroie, un carquois profond, tout rempli de flèches terribles qui portent le muet trépas avec elles. Leur pointe homicide est humectée de larmes : longues, effilées, polies au milieu, elles sont revêtues à leur autre extrémité des plumes d’un aigle noir. Le héros saisit ensuite une forte lance armée d’airain, et se couvre d’un casque du fer le plus dur, ciselé avec art, qui s’ajuste à ses tempes et doit garantir sa tête divine.

Enfin, il prend ce bouclier éclatant, impénétrable, qu’aucun trait n’eût percé, n’eût rompu, arme mer-