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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

d’Ouranos ; ils le lui avaient conseillé, dans la crainte qu’à sa place quelque autre d’entre les dieux immortels ne s’emparât de l’empire ; car de Métis, ainsi l’avaient annoncé les destins, devaient sortir des enfants d’une intelligence profonde : d’abord cette fille aux yeux d’azur, cette Tritogénie, qui égala son père en force et en sagesse ; puis un fils au cœur magnanime qui règnerait sur les dieux et sur les hommes. Prévenant ce danger, Zeus enferma dans ses entrailles sa jeune épouse, pour que, cachée en lui-même, elle lui révélât la connaissance du bien et du mal.

Sa seconde épouse fut la brillante Thémis ; il en eut les Heures, et ces déesses qui président aux bonnes lois, à la justice, à la paix, Eunomie, Dicé, Irène, et par qui s’embellissent les œuvres des mortels ; il en eut encore les Parques, honorées par le dieu très sage des plus glorieux attributs, Clotho, Lachésis, Atropos, chargées par lui de distribuer aux hommes les biens et les maux.

La fille de l’Océan, la ravissante Eurynome, lui donna ensuite les trois Grâces, charmantes divinités : c’est Aglaé, Euphrosyne ; c’est l’aimable Thalie ; de leurs paupières coulent avec leurs regards les douces langueurs de l’amour ; sous leurs sourcils s’échappent de leurs yeux de doux regards.

Reçu dans le lit de la nourricière Déméter, Zeus fit naître la belle Proserpine, ravie bientôt à sa mère par Aïdoneus, auquel l’accorda plus tard le sage Zeus.

Ensuite il aima Mnémosyne à la belle chevelure ; d’elle naquirent les neuf Muses, que couronne une bandelette dorée, et dont le cœur se plaît aux destins et aux chansons.