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LA THÉOGONIE

Callirhoé enfanta encore dans une caverne un être monstrueux, auquel rien ne ressemble chez les dieux et chez les hommes, la divine, la redoutable Échidna. C’est dans la partie supérieure de son corps une jeune nymphe au doux regard, au beau visage, et dans le reste un énorme et affreux serpent, tout couvert d’écailles aux couleurs changeantes, qui se repaît d’une nourriture sauvage dans les entrailles de la terre. Là, dans un antre, sous des rochers, loin des immortels et des mortels, est l’illustre demeure que lui ont assignée les dieux. Ainsi, près des monts Arimes, sous la terre a été reléguée la triste Échidna, nymphe immortelle, à jamais exempte de la vieillesse.

On dit que de Typhon, le plus impétueux, le plus terrible des vents, cette nymphe aux beaux yeux conçut une formidable race : d’abord le chien Orthros, que posséda Géryon ; puis l’horrible, le dévorant Cerbère, le gardien des demeures d’Hadès, le monstre aux cinquante têtes, à la voix d’airain, au corps énorme, à la force indomptable ; enfin, la cruelle Hydre de Lerne, que nourrit Héra dans son implacable haine contre Héraclès, mais qu’immola de son épée d’airain l’héritier d’Amphitryon, le fils de Zeus, aidé du courage d’Iolas et des conseils de la guerrière Athéné. Enfin c’est la Chimère, vomissant d’invincibles feux, la terrible, l’immense, la rapide et indomptable Chimère. Ce monstre avait trois têtes, une de lion, une de chèvre sauvage, une de serpent ; son encolure était d’un lion, sa croupe d’un serpent ; le reste d’une chèvre sauvage. Prodige affreux, de sa bouche s’échappaient des torrents de feu. Pégase et l’intrépide Bellérophon la firent périr. Du commerce de ce monstre