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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

ciel règne ce dieu, qui, maître du tonnerre et de la foudre étincelante, vainqueur de son père Cronos, régla souverainement les rangs et les honneurs des immortels.

Voilà ce que chantent les Muses, habitantes des palais de l’Olympe, les neuf filles du grand Zeus, Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Érato, Polymnie, Uranie, Calliope, la première entre ses sœurs, car elle habite avec les rois. Si, parmi ces nourrissons de Zeus, il en est un que les déesses ses filles protègent, et qu’elles aient regardé à sa naissance d’un œil favorable, elles répandent sur sa langue une douce rosée ; de sa bouche les paroles coulent comme le miel ; les peuples le contemplent, lorsqu’il juge les différents et prononce ses équitables arrêts ; il parle avec autorité, et devant ses discours tombent aussitôt les plus vives discordes. Car c’est en cela que se montre la sagesse d’un roi, qu’aux peuples opprimés ses jugements rendus sur la place publique assurent de justes réparations, et que l’on cède facilement à ses persuasives paroles. Marche-t-il par la ville, on l’adore comme un dieu, avec respect et amour ; il paraît le premier au milieu de la foule qui l’entoure. Tels sont pour les humains les célestes présents des Muses. Des Muses et d’Apollon viennent les poètes, les maîtres de la lyre ; de Zeus viennent les rois. Heureux le mortel aimé des Muses ! Une douce voix coule de sa bouche. Quand vous êtes dans le malheur, dans l’affliction, que votre cœur se sèche de douleur, si un serviteur des Muses vient à chanter l’histoire des premiers humains et des bienheureux habitants de l’Olympe, vous oubliez vos chagrins, vous n’avez plus souvenir de vos maux, et soudain vous êtes changé par le divin bienfait de ces déesses.