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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

tient, nous ne lui accordons, avons-nous déjà dit, qu’une authenticité relative, comme celle de l’Odyssée, par exemple, vis-à-vis de l’Iliade. Nous ne la croyons pas du maître lui-même, mais du plus éminent, du mieux inspiré de ses disciples. Elle nous paraît d’une époque plus récente que le poème rapporté sans débat à Hésiode ; et si l’on soutenait, ainsi qu’on a pu le faire avec quelque semblant de vérité, qu’entre ce poème et les grandes épopées homériques, il y a différence d’écoles plutôt que de dates, de lieux plutôt que de temps, et qu’après tout Hésiode peut bien être aussi ancien qu’Homère, nous répondrions que cet Hésiode ne saurait en aucune façon être celui de la Théogonie, à considérer le progrès des idées, des connaissances de tout genre, qui s’y découvrent, notamment des connaissances géographiques ; à considérer la couleur du style et l’imitation évidente, tantôt de certains passages des Œuvres et Jours, tel que le mythe de Pandore, tantôt et plus souvent des formes de la poésie homérique.

À plus forte raison refuserions-nous au vieux maître d’Ascra ces continuations, ces annexes, que la Théogonie reçut aussi bien que les Œuvres, et où, plus tard encore, l’école qui procéda de lui, se produisit sous un troisième aspect, sous un aspect mythique et historique à la fois, compilant de toutes parts les généalogies, les légendes des héros, pour les placer à la suite des généalogies et des légendes des dieux. Nous voulons parler surtout de cette épopée, ou plutôt de cette espèce de chronique héroïque, célèbre