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NOTICE SUR HÉSIODE

redoutables enfants d’Ouranos, aux cent bras, aux cinquante têtes, délivrés par eux de leur prison du Tartare, comme déjà l’avaient été les Cyclopes. Le combat est renouvelé avec plus d’ardeur que jamais par le concours de ces formidables auxiliaires ; une lutte épouvantable s’engage, où tous les éléments sont compromis, où la mer mugit, où le Ciel et la Terre sont ébranlés, où le sol tremble sous les pieds des combattants, où le bruit de leurs pas et des coups qu’ils se portent retentit jusqu’au Tartare. Dans cette mêlée divine, Jupiter déploie toute sa puissance, il lance incessamment ses foudres et du Ciel et de l’Olympe ; et la Terre s’embrase et les forêts pétillent et l’Océan bouillonne. L’incendie gagne jusqu’au Chaos. « On dirait, à voir ce spectacle, à entendre ce bruit, que, la Terre et le Ciel s’entrechoquant, l’une va crouler sous l’effort de l’autre. » Enfin, les Titans foudroyés, accablés sous cette grêle de pierres que lancent à la fois les trois cents bras des Hécatonchires, sont précipités dans le Tartare, à des profondeurs immenses, et chargés de chaînes. Cette magnifique description, où sont prodiguées les plus riches, les plus fortes couleurs de la poésie, fait place à une peinture non moins belle, non moins grande, quoiqu’un peu confuse au premier abord, du Tartare et des lieux infernaux, « de ces lieux désolés, affreux, où se rencontrent les racines et les sources de la Terre et de la Mer, du Tartare et du Ciel, où se touchent toutes les limites. » Là sont les demeures de la Nuit, celles du Sommeil et du Trépas ; là le palais d’Aïdès et de Persé-