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NOTICE SUR HÉSIODE

suffisante de le rejeter ni de le déplacer. C’est, comme l’a dit Creuzer, une vue à la fois cosmique et profondément morale jetée sur le monde, tout à fait conforme au génie de la haute antiquité ; sur le monde au sein duquel coexistent les principes du bien et du mal également nécessaires à son développement.

Vient encore, avant les générations des Titans, une famille intermédiaire, qui prélude à la création par les eaux, et toute une série d’enfants et petits-enfants de la mer, quelques-uns en rapport avec le couchant, avec la région des ténèbres, et parmi lesquels se mêlent beaucoup de légendes locales, transportées par l’imagination ou par la science du poète dans sa vaste conception cosmogonique. Cette famille est celle de Pontos, qui s’unissant à la Terre, sa mère, mit au jour le vieux Nérée, qui jamais ne faillit, le grand Thaumas, Phorcys et deux filles, Céto et Eurybie. Ce sont autant de symboles, parfois développés sous un point de vue moral, du pouvoir invariable et sûr qui réside au fond de la mer, des variables et merveilleux phénomènes qu’il produit à sa surface, de ses monstres et de ses dangers. De Nérée et de Doris, la riche fille de l’Océan, naquirent les cinquante Néréides, Nymphes de la mer, images de ses ondes et de leurs innombrables accidents. De Thaumas et d’Électre, autre Océanide, le reflet des vagues personnifié, naquirent Iris, l’arc aux sept couleurs et les Harpies, rapides comme les vents de mer pendant la tempête. Nous n’entrerons pas dans le détail des êtres multipliés, monstrueux,